Le Chant du Brasier
Nous les hommes avons beaucoup à apprendre des loups.
Pour survivre dans les conditions et les milieux les plus hostiles, pas un chien qui puisse rivaliser avec le loup. Et pourtant la tragique destinée de ce dernier semble inexorable : dans la compétition qui l’oppose au chien, partout, sur toute la surface de la Terre, c’est le chien qui l’emporte.
Il y a de cela fort, fort longtemps, quand nous les humains n’avions pas encore commencé de pourrir la terre de nos grandes villes, ou même de villages, et que nous allions au hasard de chemins non tracés suivant des pistes inconnues, nous étions, les loups et nous, libres, libres, libres !
La liberté, cette passion rageuse partagée par nos deux espèces.
Comme nous chassions les mêmes gibiers et que nous présentions certaines qualités communes, par exemple une capacité de résistance à l’effort supérieure à celle de tous les autres mammifères, ou encore un instinct propice aux actions de groupe, des individus de nos deux espèces se sont alliés pour mieux chasser et survivre. Une alliance entre égaux, sans dominants ni dominés.
Puis, peu à peu, nous avons cessé d’être des nomades. Nous avons construit des murs. Des murs au sujet desquels nous nous sommes rassurés en les appelant maison, cités, citadelles, forteresses..., puis nations, pays, états, civilisations…
Après « Chants libres », puis le « Chant des cent pierres », le « Chant du brasier » prolonge le récit d’une lutte implacable contre l’hégémonie toujours plus envahissante d’un état totalitaire ; lutte menée, presque solitairement, par un chasseur-coureur primitif d’une tribu restée libre, dont certain de ses membres sont tentés de mettre en balance une liberté toujours plus chèrement payée et les avantages d’une existence certes moins libre, mais mieux protégée.
La liberté et la protection offerte par les états modernes sont-elles conciliables ?
À cette question, les dernières pages de « Chants libres » donnaient l’impression que notre héros finissait par trouver une réponse au moins partiellement positive ; réponse cependant jamais acquise suggère le « Chant de cent pierres ». Réponse peut-être définitivement remise en question par le « Chant du brasier ».
Nous les hommes avons beaucoup à apprendre des loups. Eux l’ont compris depuis longtemps : aucune conciliation possible. Sauf à devenir des chiens…
Mais si finalement, c’est le chien qui gagne inexorablement, quel dernier refuge pour le loup et l’homme libre ? Quel espace pour une liberté définitive ?
La réponse finalement apportée par le « Chant du brasier » aura de quoi vous surprendre…